Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/93

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elles poussées. Elles se plaisent à l’usine, et prennent leur travail à cœur ; dans un établissement de la banlieue l’émulation fut telle entre les équipes d’ouvrières que la production journalière de fusées d’obus tripla en un an.

Usines bruissant d’un infernal murmure où de leurs mains tant chantées par les poètes — mains faites pour les caresses d’amantes et les maternelles gâteries — des centaines de femmes domestiquent le fer et emprisonnent la foudre, tension ardente de tout l’être féminin vers l’effort, visages gracieux brutalement éclairés par la clarté prestigieuse d’un flamboiement d’étincelles ; voilà d’extraordinaire visions de guerre moderne, bien faites pour tenter un Michel Ange, un Rembrandt ou un chantre nouveau du bouclier d’Achille.

En dehors de l’usine aussi, M. Albert Thomas et le Comité du Travail féminin font à l’ouvrière de meilleures conditions de vie. Pour celles qui sont éloignées de chez elles, on établit des cantines ou des restaurants coopératifs qui, pour deux francs fournissent deux substantiels repas. Pour les ouvrières qui, de Paris, sont venues travailler en province où en 1916 le besoin de main-d’œuvre s’est fait surtout sentir, des baraquements ou des maisons ouvrières. Pour les jeunes mères de familles, des crèches, des chambres d’allaitement, des garderies d’enfants auxquelles doit être attaché un personnel de médecins. Ces mesures appliquées déjà dans un certain nombre de villes ou d’établissements seront bientôt généralisées. Enfin une prime est donnée au travail familial.

Tous ces efforts ont été couronnés d’un plein succès.