Page:Abgrall - Luc hed ha Moged.djvu/113

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Mais ce bambin galant adorait sa compagne,
Pour elle il prétendait soulever la montagne.
Mac’harit se gaussait des mines du gamin,
Montrant d’un doigt moqueur au jeune paladin
Dont la taille venait à hauteur d’une botte,
Son fanion surgissant du fond de sa culotte.
Alors ce chevalier savourait son dépit,
D’avoir dix ans et d’être amoureux incompris.
Aux yeux de Mac’harit relevant son prestige
Loeizik aurait voulu faire quelque prodige,
Arrêter ce nuage en haut des cieux, là-bas,
Faire tomber d’un bloc la tour de Commana,
Rien qu’en soufflant dessus, fendre le Trévézel
D’un seul coup de sabot jusqu’au mont Saint-Michel ;
Changer en berlingot le granit bleu des roches,
Enfourcher en passant la belle voix des cloches…

Allez « Merlik » barbu qu’on appela Merlin,
À l’enfant amoureux soyez donc bon parrain !
Et vous Mariollon pour qu’il fasse conquête,
Au gamin éploré prêtez votre baguette !
Mais la fée insensible et l’enchanteur blanchis
Déjà depuis beau temps ont quitté ce pays !
Le preux désespéré va mettre bas les armes
Et le petit berger renaîtra sous ses larmes…
Juché sur un rocher — Mac’harit est en bas,
Il pleure en se cachant — elle ne l’entend pas.
Soudain il s’est penché, lançant d’un ton ému :
« Mac’harit, dis-moi donc, dis-moi, m’aimerais-tu,
Si je me jetais là sous tes yeux. Réponds vite ! »
— « De trente pieds de haut ! » s’exclama la petite.
Croyant qu’il se moquait, elle cria : « Hardi ! »
Et le fou se jeta… S’il ne fut que meurtri,