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VIE DE MOHAMMED.

d’Aiescha : « Lorsque le prophète, dit-elle, vint chez moi, je me plaignais d’un violent mal de tête, et il me dit : Aïescha, c’est moi bien plutôt qui pourrais me plaindre du mal de tête ; puis il ajouta : Il ne devrait pas t’être pénible de mourir avant moi, car je serais là tout prêt pour t’envelopper d’un linceul, prier sur toi et te déposer dans la tombe. — Sans doute, répondis-je, mais je crois déjà te voir, après l’avoir fait, revenir chez moi, et prendre tes ébats avec quelque autre de tes femmes. » Le prophète se mit à rire.

Pendant le cours de sa maladie, tandis qu’il était dans la maison d’Aiescha, il sortit soutenu par Fadhl, fils d’Abbas, et Ali, fils d’Abou-Taleb, pour aller se placer dans la chaire d’où il instruisait le peuple. Là il adressa des louanges au ciel, puis il dit : « O vous qui m’écoutez, si j’ai frappé quelqu’un « sur le dos, voici mon dos, qu’il frappe ; si j’ai nui à la réputation de quelqu’un, qu’il se venge sur ma réputation ; si j’ai dépouillé quelqu’un de son bien, voici mon bien, qu’il se « paye, et que pour cela il ne craigne pas de s’attirer ma haine ; a la haine n’est pas dans mon caractère. » Il descendit alors et fit la prière de midi, puis il remonta ; et comme il reprenait son discours, un homme vint lui demander le payement d’une dette de trois dirhems qu’il lui rendit en disant : « La honte de ce monde est plus facile à supporter que celle a du monde à venir. » Il pria ensuite pour ceux qui avaient combattu avec lui à la bataille d’Ohod et demanda au ciel de leur pardonner. Il ajouta : « Dieu a donné à son serviteur le

  • choix entre les biens de ce monde et ceux qu’on goûte auprès

de lui, et ce sont ces derniers qu’il a choisis (162), A ces mots, Abou-Bekr pleura et dit : « Que ne pouvons-nous racheter ta vie au prix de la nôtre ! » Le prophète recommanda ensuite les Ansariens aux Musulmans. La maladie étant devenue plus forte, il dit : « Apportez-moi