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VIE DE MOHAMMED

cussent rompu leur pacte et pris part à la ligue formée contre le prophète de Dieu. Cependant l’affaire devenait sérieuse, l’épreuve était si forte que les Musulmans roulèrent mille pensées diverses dans leur tête, et que des dispositions à la défection se manifestèrent au point que Moatteh, fils de Kos- chair, osa dire : « Mohammed nous promettait les trésors de Kesra et de Kaissar, et voilà qu’aujourd’hui pas un de nous « n’est sûr de sa vie si quelque besoin l’appelle hors de sa « maison. »

Les infidèles et le proplète restèrent plus de vingt jours en présence sans qu’on en vint aux mains autrement qu’à coups de flèches lancées par les archers. Ensuite Amrou, fils d’Abd-Woudd, issu de Loway, fils de Ghaleb, se présenta pour un combat singulier, et Ali, fils d’Abou-Taleb, s’offrit à lui comme antagoniste. « O fils de mon frère, lui dit Amrou, je a ne voudrais pas te tuer.— El moi je veux ta mort, reprit « Ali. » A ces mots, Amrou, enflammé de colère, descendit de son cheval auquel il coupa les jarrets, et courant vers Ali, ils se livrèrent un furieux combat. Un nuage de poussière s’éleva autour d’eux ; mais les Musulmans entendirent retentir Allah akbar, et ils surent ainsi qu’Ali avait tué son ennemi. Bientôt le nuage se dissipa et l’on vit Alí sur la poitrine d’Am- rou qu’il égorgeait. Alors Dieu très-haut fit souffler un vent P. 4v du midi, ainsi qu’il l’a dit dans le Coran (95) : « O vous qui a croyez, ruppelez-vous combien Dieu a été bon à votre égard lorsque des armées marchaient contre vous et que nous avons envoyé « contre elles un vent violent et des légions invisibles. » Cet événement se passait en hiver, et l’ouragan ayant renversé les chaudières et les tentes des ennemis, Dieu sema la discorde parmi eux. Les Koreischites, conduits par Abou-Sofian, se retirèrent les premiers ; dès que les Benou-Ghatafan l’eurent appris, ils se retirèrent aussi, retournant chacun dans leur pays.