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VIE DE MOHAMMED

envoya de suite à Badhan (112), son représentant dans I'Yemen, l'ordre de faire conduire devant lui cet homme du Hedjaz. Badhan alors députa vers le prophète deux hommes, P. AP dont l'un se nommait Khorkhosra, chargés d'une lettre par laquelle il enjoignait au prophète de se rendre auprès de Kesra. Ils parurent en présence du prophète la barbe et les moustaches rasées. Mohammed, détournant avec dégoût les yeux d'un tel spectacle, leur dit : « Malheur à vous! Qui vous a donné l'ordre de vous mettre dans un pareil état ? « Notre maître,» répondirent-ils; et ils voulaient parler de Kesra. «Mon maître à moi, reprit le prophète, m'a ordonné de respecter ma barbe et de tailler mes moustaches. » Ils firent ensuite connaître au prophète l'objet de leur mission, et hui dirent : « Si tu obéis, Badhan écrira en ta faveur; si tu re- «fuses, il te fera périr.» Le prophète remit au lendemain sa réponse.

Une révélation d'en haut vint apporter à Mohammed la nouvelle que Dieu avait suscité contre Kesra son fils Schiraouaih (113), qui l'avait tué. Le prophète fit appeler les deux envoyés, leur apprit l'événement et ajouta: «Ma religion et mon pouvoir s'étendront aussi loin que s'étend l'empire de Kesra; dites à Badhan qu'il embrasse l'Islamisme. » De retour auprès de Badhan, ses envoyés l'instruisirent du résultat de leur mission, et peu après il reçut de Schiracuaih la lettre par laquelle il lui mandait le meurtre de son père Kesra et lui ordonnait de ne point s'opposer à Mohammed. Badhan alors embrassa l'Islamisme ainsi que les Persans qui étaient dans l'Yemen avec lui.

Dahya, fils de Holaifa des Benou-Kelb, fut envoyé vers Kaiçar (114), empereur des Grecs. Ce prince fit à Dahya une réception honorable, plaça la lettre du prophète sur un coussin, et chargea Dahya d'une réponse gracieuse. Hateb