leur prêtez pas sans terme fixe : les plus méritants refuseraient cette aumône mal déguisée.
Convient-il de leur prêter sans intérêt, ou à des taux de faveur ? Pour ma part, je ne le crois pas, et voici mes raisons.
Dans un pays où l’intérêt normal est à 5 0/0, 100 fr. payables le 1er décembre 1868 représentent exactement 105 fr. payables le 1er décembre 1869. Les deux chiffres inégaux en apparence sont égaux en réalité, si l’on tient compte du temps, et pas un mathématicien ne contestera cette proposition :
100 fr. aujourd’hui = 105 fr. dans un an.
Il suit de là que prêter 100 fr. sans intérêt pour un an, c’est donner 5 fr. à l’emprunteur.
Prêter 100 fr. à 3 0/0, c’est donner 2 fr. à l’emprunteur, si le taux moyen des intérêts se maintient à 5 0/0 toute l’année.
Entre amis, on se prête des sommes considérables sans tenir compte des intérêts ; mais il est parfaitement sous-entendu que l’emprunteur reçoit un présent, qu’il est l’obligé de son prêteur, et qu’après lui avoir remboursé le chiffre exact de la créance, il lui redoit un excédant payable en bons procédés. Cette obligation a le défaut d’être mal définie. De deux amis dont l’un a gratuite-