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consentent à faire leur besogne à l’ancien prix, force vous est de reconnaître que l’heure vaut cinquante centimes ; il faut payer le travail ce qu’il vaut, ou vous priver de ses services.

Le mécanisme de l’échange ne fonctionne pas sans secousses ; il peut même arriver que, dans ses engrenages, un imprudent se prenne les doigts. Mais, comme nous avons tous besoin les uns des autres, on finit nécessairement par s’entendre. Le producteur est intéressé à livrer ses services pour le prix qu’on lui en offre ; le consommateur a intérêt à s’approcher du prix qu’on lui demande, sous peine de renoncer l’un et l’autre au bénéfice de l’échange.

Or, l’échange a cela d’admirable, qu’il profite aux deux contractants dans une mesure presque toujours égale. Chacun des deux, en donnant ce qu’il a contre ce qu’il n’a pas, fait une bonne affaire.

Il paraît surprenant, à première vue, que deux individus puissent gagner simultanément l’un sur l’autre. C’est pourtant ce qui arrive dans tout échange libre et loyal. Quand un courtier met un acheteur et un vendeur en présence, il réclame à l’un et à l’autre une remise que tous les deux payent sans discuter : preuve qu’ils croient avoir gagné tous les deux à l’échange.