Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
INTRODUCTION.

voureux de la terre. Et la terre elle-même n’était-elle pas un peu mon patrimoine ? Étant donné un milliard d’êtres humains répandus sur une surface déterminée, il me semblait souverainement injuste qu’un autre eût confisqué et cultivé avant ma naissance le lopin qui me revenait. Car enfin j’ai le droit de vivre, que diable ! J’ai donc un droit né et acquis sur toutes les choses indispensables à la vie.

Ne vous moquez pas trop si j’avoue qu’il m’a fallu plusieurs années pour dégager de ces illusions la véritable notion du droit.

L’homme est un être sacré parce qu’il est le produit définitif de la création, parce que la nature n’a rien fait de plus intelligent et de plus perfectible que lui. Chacun de nous, dès sa naissance, vient au partage d’une souveraineté qui rend sa personne inviolable. Nous sommes tous égaux en principe, sinon en fait, parce que nous participons tous d’un caractère auguste. Nous sommes tous libres, en ce sens que nul de nous ne peut violemment imposer ses volontés à un autre. Le droit, c’est l’inviolabilité de la personne humaine ; rien de moins, rien de plus.

Si la planète que nous habitons était un paradis terrestre donné à tous les hommes nés et à naître