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pour en jouir sans travail, l’acte de donation nous assurerait à tous un droit égal sur tous les biens nécessaires, utiles ou agréables. Nous nous partagerions la jouissance du domaine commun, sauf à nous priver un peu en faveur des survenants. Poussez à bout l’hypothèse d’un paradis terrestre, et vous verrez le genre humain vivant sur terre comme des mouches dans une salle à manger. Les générations se succéderont à l’infini pendant une série de siècles sans que ces heureux animaux aient rien perfectionné autour d’eux ni en eux.

Ce qui fait la grandeur et la gloire de notre espèce, c’est la difficulté de vivre oh nous sommes jetés. Nous apportons en naissant des besoins plus compliqués que ceux de tous les animaux, quels qu’ils soient, et la terre nous refuse obstinément ce qui peut les satisfaire. Elle ne donne rien qu’au travail ; si nous voulons des abris, des vêtements, des vivres, il faut les conquérir sur elle et les arracher de son sein. Tous les biens utiles à l’homme sont le prix des efforts de l’homme.

Or le travail est un exercice de nos facultés, et qui s’exerce se perfectionne. Donc la nécessité d’améliorer la nature autour de nous, nous entraîne forcément à nous améliorer nous-mêmes.

À mesure que l’homme se perfectionne, il naît en lui des besoins nouveaux qui l’obligent à de