Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/28

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de pierre assez tranchant pour entamer le bois, Hélas ! que le premier morceau de fer nous paraît loin, quand nous nous replaçons dans l’état de nature ! Combien de générations ont peiné pour atteindre ce but ! À Paris, on achète un couteau pour un sou, une boîte d’allumettes pour un sou, un petit pain pour un sou, et l’on oublie que le premier allumeur de feu, le premier semeur de blé et le premier forgeron furent mis au rang des dieux.

Le vêtement abonde en telle profusion chez les peuples civilisés, nous sommes si bien accoutumés à voir tout le monde vêtu autour de nous qu’il nous faut presque un effort d’imagination pour nous représenter un corps tout nu. Prenez un bambin à l’école primaire et dites-lui de dessiner un homme : il commencera par le chapeau. L’extrême dénûment nous est représenté par des habits en lambeaux, des souliers béants, un chapeau sale et défoncé : nous ne nous figurons pas le corps humain exposé directement, sans aucune défense, aux intempéries du froid et du chaud, à la pluie, au vent, au contact d’un sol âpre et rugueux. L’homme civilisé, qu’il soit riche ou pauvre, n’ôte ses vêtements que pour entrer au bain ou au lit. Mais le lit est lui-même un vêtement, plus doux, plus commode et plus confortable que