Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/30

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Il y a un bien auquel vous ne pensez jamais, car c’est celui sur lequel vous êtes le plus blasés : la sécurité ! Mais n’importe ! il s’endort, et voici ce qui lui apparaît en songe :

Dans une petite chambre hermétiquement close, sur un lit de bois peint garni d’une paillasse, d’un matelas, d’une bonne couverture, sans compter deux oreillers de plume et deux draps de toile blanche, reposent deux êtres jeunes et bien portants. Un enfant dort auprès d’eux dans son berceau. Cette famille est protégée d’abord par une bonne serrure de fer forgé, ensuite par un concierge qui loge au bas de l’escalier, enfin par un sergent de ville qui se promène du soir au matin sur le trottoir de la rue. Ni la pluie, ni le vent, ni les animaux nuisibles, ni les hommes de proie ne peuvent pénétrer dans cette humble mais heureuse demeure. Toutes les choses nécessaires à la vie s’y trouvent rassemblées sinon en abondance, du moins en quantité suffisante, car la table de noyer poli montre encore les restes du dîner : un gros morceau de pain, un peu de bœuf ou de veau dans un plat, quelques légumes de la saison, une carafe à moitié pleine d’eau douce et limpide, et du vin, cette force et cette consolation de l’homme, dans un fond de bouteille. Quatre chaises de bois verni, confortablement empaillées, une table de nuit