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ALSACE.

sonnes, représentant la population des maisons détruites. Je crois donc, sans l’affirmer trop positivement, que la ville a perdu 21 ou 22,000 Français sur 84,000. Combien en restera-t-il l’an prochain, au 1er octobre, lorsque les lois prussienne sur le recrutement deviendront applicables en Alsace ? On n’ose y penser.

La Toussaint, quoiqu’elle touche au malheureux faubourg de Pierre, est encore debout : j’en suis bien aise. Couvent, refuge, hospice, hôpital, sous quelque titre qu’on la désigne, cette maison a sa place marquée dans l’histoire de la chirurgie française. C’est là qu’Eugène Kœberlé a fait ses miracles d’ovariotomie ; c’est là que le plus audacieux des praticiens et le plus timide des hommes a sauvé cinquante incurables par une opération de boucherie transcendante, dont la seule idée épouvantait les grands maîtres de Paris. Depuis une dizaine d’années qu’il y dissèque le corps vivant, il y a su créer autour de lui, à son usage, des aides incomparables. Que deviendra cet atelier de guérisons fabuleuses, de résurrections inouïes ? Et Kœberlé lui-même, où ira-t-il, maintenant que la Prusse confisque tout, sans excepter la Faculté des sciences ? On parle d’une grande école indépendante que les vainqueurs ont promis de tolérer, mais la foi germanique est sujette à caution, et il n’y a pas de lendemain assuré pour