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STRASBOURG.

les savants français, sous le bon plaisir de Guillaume.

Dans la rue de la Nuée bleue (un joli nom, n’est-il pas vrai ?), je rencontre à ma gauche les ruines du Palais de Justice. C’est très-correctement brûlé ; les communeux de Paris n’ont rien fait de plus achevé. Je cherche en vain quelque vestige d’une rampe en ferronnerie que j’admirais autrefois en allant au jury. Triste fragilité des belles choses qui semblaient faites pour durer ! Plus triste vanité des opinions qui nous étaient chères, et que nous nous flattions de professer jusqu’au dernier soupir ! Ces feuillages et ces bouquets de fer forgé, qui n’existent plus que dans ma mémoire, sont étroitement enchaînés, pour moi du moins, à tous les arguments qui combattent la peine de mort. Dans la session où je fis à Strasbourg mon apprentissage de juré, trois assassins devaient comparaître ensemble. Ils étaient à peu près aussi intéressants que leur compatriote Troppmann : l’accusation établissait qu’un beau jour ils étaient entrés chez un vieillard dans une maison isolée ; qu’ils lui avaient demandé l’hospitalité ; que ce bonhomme, cordialement, leur avait donné le vivre et le couvert, et qu’ils l’avaient assassiné à coups de hache pour lui voler son argent. Je n’en aurais pas fait autant, et peut-être me croirez-vous sur parole si je dis que j’abo