Page:About - Alsace, 1875.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
STRASBOURG.

cravate blanche, qui prennent des airs de diplomate en se fourrant les doigts dans le nez. Les Allemands sont très sensibles à ce luxe de valetaille, ils envahissent la « Ville de Paris », ils y sont en majorité et rendent la circulation dangereuse pendant la nuit, car les souliers placés devant leurs portes se croisent au milieu des couloirs.

Ces hôteliers n’ont pas donné, dit-on, l’exemple du plus ardent patriotisme. Cela s’explique ; ils sont un peu cosmopolites par état. Mais les limonadiers, qui auraient pu alléguer les mêmes excuses, ont fait des efforts méritoires pour repousser l’ennemi. Par exemple, le propriétaire d’un des cafés les plus élégants et les plus confortables de Strasbourg, a su parfaitement éliminer la clientèle prussienne en élevant ses prix outre mesure. Les Allemands se récriaient à pleins poumons : « C’est impossible, disaient-ils ; on n’a jamais payé si cher que ça !

— En effet, ce sont des tarifs spéciaux, à votre usage, messieurs. Vous avez bombardé ma maison. J’ai d’autres prix pour les Français, mes concitoyens, qui ne l’ont pas bombardée. D’ailleurs, rien ne vous force à subir ces conditions vexatoires. Voici justement à ma porte un établissement de troisième ordre où vous serez comme chez vous. »

Bon gré mal gré, les Prussiens ont fini par quitter la place. L’honnête limonadier pouvait s’enri-