Page:About - Alsace, 1875.djvu/23

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plain-pied dans le pangermanisme, comme des Hanovriens ou des Francfortois. À force de dire et d’imprimer que, depuis Thionville jusqu’à Mulhouse, tous les Français sont Allemands, les hommes d’État de Berlin ont peut-être fini par se duper eux-mêmes : on croit si aisément ce qu’on désire !

On croit aussi ce que l’on craint ; c’est une autre infirmité de la pauvre nature humaine, qui en a tant de toute sorte. Et peut-être, à l’heure où j’écris, plus d’un bon citoyen, dans l’ouest, dans le centre ou dans le midi de la France, se demande-t-il avec anxiété si les nouveaux sujets de l’empire germanique ne s’acoquinent point à leur joug. Tout le monde n’a pas visité l’Alsace ; et ceux-là mêmes qui l’ont traversée en chemin de fer ont pu être abusés par la surface des choses. Dans tel ou tel village de l’Est, un aéronaute tombé du ciel pouvait encore, l’an dernier, se croire en Allemagne. Toutes les apparences concouraient à cette illusion : langue, costumes, types, habitudes, aliments, boissons. Ce jargon rude et lourd, c’était bien l’allemand, personne n’en doutait ; ces bonnes têtes carrées étaient des têtes alleman-