Page:About - Alsace, 1875.djvu/24

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des ; ces longues redingotes, ces gilets rouges à cent boutons, ces tricornes surannés ou ces bonnets de fourrure, ces valses dans les granges, ces flots de bière et de vin blanc, ces pâtes noyées dans le beurre et ces saucisses enfouies dans la choucroute, représentaient la vie allemande aux yeux de tout voyageur un peu pressé. Ajoutez une certaine défiance, une froideur visible dans les relations avec les Welches, c’est-à-dire les Français de l’intérieur. Des peintres et des romanciers en quête de couleur locale, et peu préoccupés d’une question politique qui semblait jugée sans appel, ont cru sincèrement à l’existence d’une petite Allemagne cousue à notre pays depuis deux siècles. Des publicistes qui habitaient et qui pensaient connaître à fond ces provinces de l’Est ont critiqué de bonne foi la faiblesse ou l’indifférence de tant de gouvernements successifs, dont pas un ne s’est donné la peine de franciser les Germains de l’Alsace. J’ai accrédité pour ma part cette opinion assez vraisemblable, et je croyais naguère encore, après une expérience de plusieurs années, que tel canton de notre cher pays était resté trop allemand par l’esprit, le langage et les mœurs.