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ALSACE.

qu’à précipiter le courant de l’émigration. L’ennemi se flattait derelenir les fils, il réussità chasser les pères et les mères.

Non-seulement à Saverne, mais partout où je me suis arrêté pour un jour, j’ai été consulté par des amis, de simples connaissances et même des inconnus qui avaient tous la même question sur les lèvres : « Comment faut-il s’y prendre pour que les enfants soient Français ? » Je répondais de mon mieux et je ne dissimulais pas les difticullés élevées au dernier moment par l’omnipotence prussienne. Pas un père qui, après m’avoir gravement écouté, n’ait conclu en disant : S’il n’y a pas d’autre moyen de sauver la nationalité des garçons, j’opterai moi-même et j’abandonnerai tout.

Dans le nombre de ces honnêtes gens, j’ai remarqué et admiré une Allemande francisée par le mariage et restée veuve avec un fils. — À tout prix, disait-elle, il faut que cet enfant soit Français ; il y va de sa carrière.

— À quel état le destinez-vous donc ?

— Mais je veux qu’il entre à Saint-Cyr !

Les familles qui ont trouvé moyen de vendre leurs maisons ou leurs terres à cinquante pour cent de perte n’ont pas cru faire un mauvais marché.

Les mobiliers s’empilent sur des chariots et se