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ALSACE.

peuplaient nos plates-bandes. Au milieu de cette culture plus lucrative que pittoresque, je m’arrêtai un peu surpris devant un carré de salades dont les lignes couraient en zig-zag. — Qu’est-ce ceci, mon brave Laurent ? L’ouvrage de votre petit garçon, je suppose ?

— Non, monsieur, c’est moi qui l’ai fait.

— Mais, alors, vous étiez malade, ou bien vous aviez bu un coup de trop ?

— Nullement, mais il est impossible d’avoir des journaliers à aucun prix, nous faisons tout nous-mêmes, la journée n’y suffit pas, et j’ai planté ces chicorées à deux heures du matin en m’éclairant d’une lanterne.

Dans une tuilerie de Sarralbe, tous les jeunes gens sont partis ; on dresse de grandes filles qui les remplaceront bien ou mal.

Les ouvriers allemands sont accourus en assez grand nombre, surtout depuis cinq ou six mois ; mais, outre la répulsion bien naturelle qu’ils inspirent à tous les vrais Alsaciens, ils ont des prétentions qui les rendent presque impossibles. L’urgence des travaux qui s’exécutent à Strasbourg et dans les cinq nouveaux forts autour de la ville a nécessairement élevé le taux de la main-d’œuvre. Il n’est si piètre ouvrier qui ne gagne de trois à quatre francs dans sa journée ; or le travail des