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ÉPILOGUE.

pour demander conseil, et je me rendormis sans comprendre que la police de M. de Bismarck l’avait offert l’appât d’une bonne action pour l’attirer hors de mon domicile et m’emporter la nuit, sans scandale, à Strasbourg.

Le lendemain matin, à six heures, le renégat de la police revenait frapper à ma porte, et, pour nous rassurer sans doute, il avait remplacé par un chapeau de paille sa casquette aux couleurs de l’Empire allemand. On eut à peine le temps de lui répondre qu’il était trop tôt pour recevoir des visites ; le commissaire de police accourait sur ses talons, après avoir fait attacher le chien de garde et arrêté nos gens qui voulaient nous avertir. Il crie en allemand qu’il faut ouvrir les portes, on répond que je suis sorti, il tire un sifflet de sa poche, et deux gendarmes, le casque en tôle et le revolver au côté, viennent pour lui prêter main-forte. Par le plus grand des hasards, un serrurier au service de l’autorité prussienne marchait sur les talons des gendarmes. Le commissaire annonce que si la porte ne s’ouvre pas à l’instant, elle va être enfoncée.

Tout ce bruit m’avait décidément éveillé, on peut le croire ; il avait même éveillé en moi l’instinct de conservation, et j’éprouvais un désir immodéré de gagner la forêt prochaine. Cela ne semblait ni impossible ni même difficile, pourvu que ma sortie