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ALSACE.

coïncidât avec l’entrée du commissaire et de ses hommes. Il suffisait de gagner une petite tourelle qui conduit au grenier, et qui, vers la moitié de sa hauteur, s’ouvre sur la campagne. Mon plan est bientôt fait, je saisis au hasard les vêtements qui me tombent sous la main, je m’habille en courant à mon but, et, quand je suis au pied de la tourelle, je dis qu’on peut ouvrir à la police. Malheureusement, la petite porte sur laquelle je comptais était close depuis un an par une barre de bois bien vissée, et le commissaire qui s’était lancé à ma poursuite, avec un flair qui honorerait un chien de chasse, me traqua vivement et me prit.

L’homme m’arrête au nom de la loi ; il exhibe un mandat d’amener orné du timbre du conseil de guerre ; mais, pour me prouver que j’ai eu tort de lui refuser ma confiance, il s’empresse d’accumuler les mensonges l’un sur l’autre. « L’affaire est de peu d’importance, dit-il, c’est le juge d’instruction qui désire vous parler à Strasbourg. » J’offre de me rendre à Strasbourg sur parole : il s’excuse sur la nécessité de me mettre d’abord en relation avec le procureur impérial de Saverne. Va pour le procureur impérial ! Mais j’ai besoin de m’habiller un peu avant de comparaître devant un si haut personnage. On me permet de faire ma toilette entre deux gendarmes, au milieu des cris effarés des enfants et des femmes, qui pleurent