Page:About - Alsace, 1875.djvu/34

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sent, se coupent, se chevauchent tour à tour durant un bon quart d’heure : rien de plus pittoresque et de plus gai que ce lacis de communications serrées dans un espace trop étroit. Les montagnes s’élèvent à pic sur la droite et sur la gauche, avec force sapins et une profusion de rochers moussus, sans parler des genêts d’or et des bruyères roses.

Le quatrième tunnel est creusé sous le château de Lutzelbourg, un monument historique que j’ai marchandé bien des fois, tantôt pour Gustave Doré, tantôt pour Hippolyte Taine. C’est un plateau d’un hectare et demi avec deux tours carrées, dont la moindre fournirait les matériaux d’une vaste maison. Le tout ensemble s’est payé autrefois 550 fr., frais compris, mais le propriétaire, un vieux madré, ne se décidait pas à revendre. Je mourrai donc probablement sans avoir eu la gloire d’acheter un château sur mes économies pour l’offrir à un artiste ou à un écrivain.

Sur les sept heures du matin, sauf accident, le train, l’heureux train du bon temps, débouchait dans la plaine, au-dessous de Saverne, et, deux minutes avant l’arrêt, je voyais sur la gauche, au milieu d’une étroite vallée, un pignon à demi caché dans les arbres : home ! sweet home ! voilà le nid !

Autre temps, autre voyage. D’abord, au lieu de m’endormir franchement, sans autre idée que l’im-