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HUIT JOURS D’ÉTUDE.

l’attraction de l’aimant avant que ces rapaces ne résistent à l’appât du gain !

Ils étaient décidés, bien décidés à pratiquer un désintéressement de commande ; ils s’étaient fait une loi de sacrifier l’argent à la politique, mais la tentation fut trop forte : l’instinct et l’habitude invétérée déjouèrent tous leurs calculs. La fortune des armes leur livrait un peuple prospère, accoutumé de longue date à payer largement les services publics. Les registres de perceptions étaient là, les avertissements imprimés, les quittances toutes prêtes : ils oublièrent leurs promesses et firent rentrer l’impôt comme devant.

Nos pauvres annexés n’opposèrent aucune résistance : que pouvaient-ils contre la force ? Ils payèrent si vite et si bien que le vainqueur se reprocha de n’avoir pas exigé davantage. C’était plaisir de rançonner cette gent taillable à merci. On le lui fit bien voir, et les cotes de 1870 subirent une majoration de cinq à dix pour cent dès 1871, sans préjudice de l’avenir.

Les Prussiens ont acheté sans bourse délier tous les chemins de fer des provinces conquises. Ce capital de 350 millions ne leur coûte que des obus et des balles ; leurs frais actuels se réduisent à l’entretien et à l’exploitation. Que fera le gouvernement, propriétaire et gérant de la chose ? Réduire les tarifs ? Il y a bien songé ; la politique le lui