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ALSACE.

conseillait ; une remise de moitié, du tiers ou même du quart eût prouvé aux populations qu’elles avaient un maître accommodant et juste. On prit des résolutions bienveillantes, on remit les tarifs à l’étude avec le ferme propos d’en rabattre peu ou prou.

Mais l’instinct, mais l’appât, mais la facilité d’un gros profit furent encore irrésistibles. L’ancien prix des transports se composait de deux éléments : tant pour la Compagnie de l’Est et le dixième en sus pour l’État, sans compter un double décime.

Les Prussiens s’adjugèrent d’abord le principal, comme héritiers de la Compagnie, puis le dixième de l’État et le double décime comme vainqueurs de la France, et ils cédèrent à la tentation de majorer le tout en leur qualité de Prussiens insatiables. On payait l’an dernier 4 fr. 20 c. pour aller de Saverne à Strasbourg en première classe. Aujourd’hui, c’est 5 fr., chiffre rond : nos vainqueurs sont ronds en affaires.

Quelques habitants de Saverne avaient loué le droit de chasse dans certaines forêts de l’État ; ces forêts sont tombées dans le domaine de la Prusse. Les Alsaciens n’ont pas chassé en 1870, et pour cause. Premièrement, la chasse était interdite ; en second lieu, la police s’était fait livrer tous les fusils ; enfin, le militaire trouvait piquant de tuer