Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avenues. Voilà ce qu’on apprend à écouter le langage des cloches.

Mais les cloches auront beau dire : la science va son train. Je vous parlais il y a quelques mois d’un vivier très coûteux que M. Coste a fait construire au bout du monde, dans les rochers granitiques de Concarneau. Pour le voyageur superficiel, cet établissement n’est guère que la boutique à poisson d’un brave homme appelé maître Guillou. Mais notre argent qu’on a dépensé là sans compter ne sert pas seulement à enrichir un marchand : les viviers de Concarneau sont d’abord une école de pisciculture maritime et surtout un puits de science où tous les observateurs du monde sont admis à remplir leur tonneau. M. Gerbe, un savant modeste, y a découvert les métamorphoses féeriques de la langouste ; M. Charles Robin vient d’y trouver l’appareil électrique de la raie. Le plus grand philosophe de la zoologie moderne, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, avait dit :

« La raie ressemble trop à la torpille pour n’avoir pas un appareil électrique, au moins rudimentaire : l’unité de plan le veut aussi. »

Là-dessus on s’était mis en quête, et l’on n’avait pas trouvé. Charles Robin arrive il y a vingt ans avec son microscope ; il dissèque les raies de la halle aux poissons et découvre l’appareil, mais inerte, comme bien vous pensez. La raie n’arrive