Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/109

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pas vivante à Paris ; il est presque impossible de l’apporter en vie jusqu’à terre. Cependant le microscope avait constaté sur les côtés de la queue un tissu identique à celui de la torpille, une pile gélatineuse dont tous les éléments correspondaient d’un côté avec les nerfs, de l’autre avec les vaisseaux sanguins. Robin ajoute son affirmation à celle de Geoffroy Saint-Hilaire, mais il était hors d’état d’expérimenter sur le vif : le vivier de Concarneau manquait à la science, et d’ailleurs le pauvre savant gagnait son pain en donnant des leçons particulières : le besoin le clouait à Paris.

Deux naturalistes étrangers cherchent des raies vivantes, font l’expérience, la manquent, et décident que Geoffroy et Robin se sont trompés l’un après l’autre. Pensez-vous que Robin se tienne pour battu ? Pas plus que M. le Verrier si tous les étrangers avaient cherché sa planète sans la voir, et que lui-même eût été trop pauvre pour acheter un télescope.

Un vrai savant qui a trouvé la vérité a priori attendra toute une vie, s’il le faut, pour appeler l’expérience à son aide. Robin n’a attendu que vingt ans. Il est allé à Concarneau, il a trouvé des raies vivantes sous sa main, ce qui était à peu près impossible avant la création du vivier Guillou, et il a fait fonctionner leur appareil électrique. Ce succès est fertile en enseignements, si je ne me trompe. Il