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par la nation. N’est-ce pas curieux, et, dans tous les cas, méritoire ?

Mais tandis qu’on s’agite là-bas pour le bien, je pourrais vous citer tel département où l’administration et le clergé s’entendent fraternellement pour repousser les bibliothèques populaires, confisquer les conférences publiques et arrêter le développement d’un fléau qui s’appelle… devinez ! la propagation de la langue française chez le paysan français.

Dans le Haut-Rhin, c’est autre chose. Mon ami Jean Macé est un vrai diable, un bon. Tout le département est possédé de son esprit honnêtement diabolique. C’est à qui fondera des bibliothèques ; il y en aura bientôt dans les hameaux de six maisons, dans les chaumières isolées, dans les maisons forestières. Et tout le monde se met à lire, et quand les Alsaciens ont lu, comme ils sont d’un sang calme et d’un esprit méditatif, ils se mettent à penser. Et quand ils ont pris l’habitude de penser ils ne sont que meilleurs, ils payent mieux leurs impôts, ils vont moins au cabaret, ils se querellent moins entre eux ; que dis-je ? Ils se mettent à s’entr’aider, les scélérats ! et de la façon la plus évangélique s’il vous plaît. C’est une chose incroyable : l’évêque de Saverne, à qui je l’ai contée, s’est écrié que je me moquais de lui.

Savez-vous ce qu’ils font, ces paysans de Be-