Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

seiller de préfecture à Laval, si je ne me trompe, il s’est vu dans la nécessité de maintenir les droits du pouvoir civil : il l’a fait énergiquement à ses risques et périls, et il a eu le bonheur de n’être pas puni. Le voici maintenant dans une petite sous-préfecture, et au lieu de vivoter sur la politique comme tant d’autres, il rêve le progrès social et moral. Il invente une société d’assurance mutuelle contre l’ignorance. « Nous savons tous que l’ignorant est livré sans défense à toutes les tentations du crime ; le peuple des prisons et des bagnes se recrute presque exclusivement parmi les illettrés ; cotisons-nous pour que tous les Français puissent apprendre à lire ; il n’y a de sécurité publique qu’à ce prix. » N’est-il pas original et nouveau de voir un sous-préfet confier la sécurité publique au maître d’école, lorsqu’il a une brigade de gendarmerie à sa porte ?

Le plus beau de l’affaire, c’est que l’appel de M. Dugué de la Fauconnerie a été entendu de ses administrés. Il a fondé ce qu’il voulait ; les pièces de cinq francs sont tombées chez lui comme une pluie. Voilà un impôt repoussé par la Chambre et ressuscité sous forme de cotisation volontaire, à la voix d’un sous-préfet qui n’a pas trente ans. Que tous les sous-préfets imitent leur jeune collègue, que les maires se mettent de la partie, l’impôt de l’instruction primaire se trouvera voté directement