Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/132

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L’équilibre finit toujours par s’établir, un équilibre honnête et juste, entre les divers services que l’homme rend à l’homme. Si tout le monde s’entend pour vendre trop cher, personne n’achètera rien à bon marché ; c’est une vérité de la Palisse. Les ouvriers auront beau recevoir plus d’argent qu’aujourd’hui, comme ils rencontreront partout la cherté qu’ils auront faite eux-mêmes, ils ne seront pas plus riches que devant. Peut-être même seront-ils plus pauvres : car enfin l’industrie française ne travaille pas seulement pour la France. Elle exporte, bon an mal an, pour quelques milliards de produits. À quelle condition ? À condition de faire mieux que les Anglais, les Allemands, les Belges et les Suisses, et pas plus cher.

Or, il y a encore des pays en Europe où l’ouvrier travaille du matin au soir sans se plaindre, pour gagner ce qu’un de vous, messieurs, dépense après dîner au grand café Parisien. L’ouvrier saxon, par exemple, est d’une patience et d’une sobriété qui vous feraient rire. Ne vous moquez pas de lui : il vous coupera l’herbe sous le pied un jour ou l’autre, si vous n’y prenez garde. Tandis que vous vous gendarmez à Paris pour faire hausser vos salaires, vous livrez à vos concurrents tous les marchés de l’univers ; vous fermez à votre industrie les débouchés de l’exportation.

Ce n’est pas tout. Après la grève, il faut retour-