Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/131

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C’est pourquoi nous devons résister aux réclamations, même justes, qui se présentent à nous comme des menaces. La main-d’œuvre va nous manquer, soit ! Nous perdrons de l’argent, mais nous ne mourrons pas de faim, nous ! »

Méditez ce dernier mot ; ce n’est pas une parole en l’air. Il est certain que les patrons peuvent vous affamer, et vous ne pouvez, vous, que déranger plus ou moins leurs affaires. Le capital est une force immense : ne l’armez pas contre vous ! Les ouvriers anglais, réunis en associations plus anciennes, plus nombreuses et plus fortes que les vôtres, ont érigé capital contre capital. Il n’en est pas moins vrai qu’ils ont subi de rudes défaites, de véritables retraites de Russie, où l’on mourait de froid et de faim.

Si l’homme souffrait seul, il prendrait peut-être son parti, car il est brave. Mais souffrir dans la personne d’une femme, d’un enfant ! Et penser qu’on les a réduits soi-même à ces extrémités par une erreur de calcul ! C’est grave. Mais je n’insiste pas. C’est à votre raison que mon raisonnement s’adresse, et non à votre sensibilité.

Écartons même, si vous voulez, tous les mauvais présages. J’admets que vous ayez remporté la victoire et obtenu les salaires que vous demandez. En serez-vous beaucoup plus heureux ? Ma foi, non.