Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/14

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« La prostitution est un fruit nécessaire de l’arbre social tel qu’il est planté, la tête en bas, les racines en l’air. Un demi-million de filles sans fortune, sans mari, sans éducation morale, sans talent ou sans débouché pour leur talent, n’ont d’autre capital exploitable que leur corps, et si on les empêchait d’en faire commerce, il faudrait les nourrir ou les tuer[1]. »

Vous savez que la ville de Paris enregistre 28 bâtards sur un chiffre de 100 naissances. À qui la faute ? Aux femmes séduites et abandonnées, ou aux pères discrets qui désirent garder l’anonyme ?

Je ne voudrais pourtant pas qu’on crût voir dans cette diatribe une apologie de mesdemoiselles X., Y. ou Z. À les prendre comme elles sont, j’avoue qu’elles constituent un terrible fléau. Si nous avions encore une police à la Sartines, on pourrait faire un travail instructif sur les fortunes dilapidées, les grandes familles écroulées, les consciences ravagées de fond en comble parla crinoline qui se vend. Le sens moral s’élève peut-être en province, mais j’affirme hardiment qu’il dégringole fort à Paris. La plupart des escroqueries, des tricheries et des bassesses qui se font aujourd’hui ont pour but

  1. Progrès, p. 149.