Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

neuves coûtent cher, les propriétaires imposent des loyers plus lourds au commerce et à l’industrie, qui élèvent bientôt leurs prix en conséquence.

Au bout d’un certain temps, le marchand d’abri, ou le propriétaire, ayant vu que le prix du beurre a encore augmenté, rétablit l’équilibre de son budget en augmentant les loyers de sa maison. Et la fruitière d’en bas, pour ne pas être en reste, se hâte d’augmenter sur nouveaux frais le prix du beurre. Il n’y a pas de raison pour qu’on s’arrête dans cette voie ; l’abnégation n’est pas de mode, sinon dans le discours. Chacun la prêche à son voisin et s’accorde une dispense à soi-même.

Que chacun défende sa poche et que la société humaine soit tiraillée en tous sens par l’obstination des intérêts contraires, c’est une chose qu’on n’empêchera pas aisément. La guerre ne finira pas de sitôt entre le propriétaire et le locataire, l’industriel et le marchand, l’agriculture et la manufacture. Tant qu’il n’y aura que des millions aux prises, nous ne nous dérangerons pas pour les séparer. Mais le jour où l’on voit s’engager dans la mêlée des hommes qui combattent pour le nécessaire et non pour le superflu, l’humanité s’émeut. On les plaint d’autant plus qu’ils sont braves jusqu’à la folie, et que pour éviter un malheur ils en affrontent un pire.

Parmi les arguments que l’ouvrier vous oppose,