Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/142

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son ignorance absolue des lois économiques, l’ouvrier a payé les prix nouveaux, tandis qu’on le payait lui-même aux anciens prix. Il n’a pas entendu les réclamations successives du sous-lieutenant, de l’expéditionaire, de tous les serviteurs ou employés de l’État. Les jeunes gens à douze cents francs ont fait leur pronunciamiento il y a plusieurs années, et le gouvernement, leur patron, s’est hâté d’accueillir une réclamation trop juste. De tous côtés, les classes les plus savantes ou les plus habiles ont pris leurs précautions contre la cherté. Les derniers réclamants sont les derniers avertis : il y a du dépit dans leur affaire, ils ne pardonnent ni aux autres, ni à eux-mêmes l’erreur de compte dont ils ont souffert trop longtemps.

C’est à Paris surtout que la difficulté de vivre a fait des progrès déplorables. La faute n’en doit tomber sur personne, pas même sur M. Haussmann ; on ne guérit pas la misère avec des récriminations. Le pouvoir a voulu assainir la grande ville ; de l’assainissement on a glissé, par une pente naturelle, aux embellissements, aux percements, aux monuments, aux expropriations, aux démolitions, aux spéculations et à l’expulsion d’une partie considérable de la population.

Lorsque le mètre de terrain s’élève à deux mille francs dans certains quartiers, les maisons