Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/152

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Déjà M. de Falloux et ses amis ont fait passer l’esprit humain sous les fourches du jésuitisme au nom de la liberté d’enseignement. Si nous souffrons que M. Thiers, au nom de la libéré de conscience, décrète la servitude illimitée de six cent mille Italiens, il faudra désormais que le genre humain se mette en garde au seul mot de liberté. Je vois poindre à l’horizon des orages de liberté pires que la grêle et la foudre. Si le malheur voulait que M. Thiers arrivât au pouvoir, il serait homme à proclamer, dans la libéralité de son vieux libéralisme, les libertés les plus terribles pour nous : la liberté de bâillonner, la liberté d’emprisonner, la liberté de bâtonner, la liberté de nous couper la tête. Méfions-nous des libéraux déchaînés ; on ne peut pas savoir où ils s’arrêteront dans cette voie. Rappelez-vous seulement, candides électeurs, certaine loi du 31 mai, qui accordait à la vile multitude la liberté de ne plus voter !

Je ne suis pas de ceux qui usent leurs pantalons aux genoux ; je n’ai pas besoin de lunettes bleues pour contempler les astres d’or, ou dorés, qui éclairent notre ciel politique. Mais, franchement, j’aime mieux le pouvoir tout nu, tout brutal et tout cru que ce libéralisme inverse. Le fatalisme est une erreur que je déplore ; l’absolutisme plus ou moins tempéré par les mœurs est un fardeau qui me pèse ; mais au moins on entend ce que le gouver-