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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/153

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nement vous dit et l’on sait que lui répondre. On n’est pas d’accord avec lui, mais on parle la même langue. Lorsque un orateur auguste, répondant à l’Adresse du Corps législatif, assure que « nous redoutons les abus de la liberté plus encore que les abus du pouvoir, » il n’y a pas d’équivoque possible. Nous répliquons hardiment « Non, Sire, vous vous trompez, ou vos ministres vous renseignent mal sur l’état de l’esprit public. Nous redoutons les abus du pouvoir, parce que nous les voyons tous les jours, et nous les sentons à toute heure depuis tantôt quinze ans. Quant à la liberté, comment en craindrait-on l’abus, quand on en a désappris jusqu’à l’usage ? Vous tenez à conserver votre pouvoir intact, parce qu’il vous est plus agréable ainsi et plus commode, et qu’il vous permet de faire sans distraction des choses quelquefois excellentes ; ce désir est logique, il est conforme aux intérêts actuels, immédiats de la situation que vous occupez. Nous pouvons être incommodés de ce qui vous paraît bon pour vous, mais quand l’animal le plus humble a l’instinct de conservation, il est trop naturel que l’État, cet organisme supérieur, s’applique à protéger son existence. Mais nous avons aussi des besoins légitimes, et le plus impérieux de tous, maintenant que l’ordre est solidement établi, est une soif de liberté. Essayez seulement de nous laisser libres : nous nous en trouve-