Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/158

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plusieurs papes de génie ont conquis l’Espagne, la Grèce, la Gaule, la Germanie, l’Asie et le nord de l’Afrique. Scipion, Marius, César et autres chrétiens éminents ont fait de cette heureuse cité « la capitale d’un des plus grands empires du monde ! » L’historien national le dit ; il faut le croire. « Et ces monuments, dit-il, ces monuments immortels qui attirent chez eux le concours de tous les peuples du globe, à qui les doivent-ils ? à la chrétienté ! » En vérité, la science est une admirable chose, et rien n’est plus utile que d’écouter les grands historiens. On croyait jusqu’ici que les papes avaient gâté et trop souvent démoli les chefs-d’œuvre de l’architecture romaine ; on répétait par habitude le vieux calembour que vous savez :

Quod non fecerunt Barbari, fecerunt Barberini.

On déplorait même un peu, lorsqu’on avait du goût, cette affluence de richesses mal acquises qui permit aux pontifes du dix-septième et du dix-huitième siècle d’écraser la plus belle ville du monde sous les monuments les plus fastueux et les plus lourds. Mais passons ! Si les 175 000 Romains de la ville croient devoir une certaine reconnaissance au pouvoir qui les opprime de père en fils, ils le diront. Mais les 425 000 autres sujets du pape n’ont ni le souvenir orgueilleux de la con-