Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/16

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blanche ; elles ont même (qui le croirait ?) quelques relations féminines une veuve par-ci, une femme mariée par-là, sans compter les marquises vraies ou fausses, condamnées ou acquittées en police correctionnelle, qui se louent jusqu’à deux francs l’heure pour les raouts. À côté des demoiselles qui s’élèvent, nous avons les femmes de bien qui descendent. On en voit quelques-unes céder à je ne sais quel vertige agréable et tomber des hauteurs du foyer domestique à l’entresol de la Maison-d’Or. Autrefois une femme coupable et prise en faute n’avait qu’un seul refuge le couvent. Aujourd’hui elle en a mille, avec écurie et remise. Toutes ces émigrations d’un monde à l’autre feront de la société parisienne une salade bien curieuse avant cent ans.

À moins pourtant que la corruption des mœurs ne se guérisse spontanément, comme la maladie des pommes de terre, dont on ne parle presque plus ! Mais, sur ce point encore, il faut vous l’avouer, les symptômes rassurants font défaut. Le Paris neuf, qu’on nous fabrique à coups de pioche et de truelle, n’est pas un climat favorable à la floraison des vertus. Les boulevards deviennent si longs, si longs, que toute femme aux petits pieds sent le besoin d’une voiture. Les loyers sont si chers, si chers, qu’il faudra bientôt s’associer au nombre de dix pour en payer un seul. Il est vrai