Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/162

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ni de cuirs ni d’étoffes, mais du catholicisme comparé à la religion des Hébreux. Le chanoine intervient avec cette douce autorité qu’on admire chez les prêtres, partout où ils sont les plus forts. Il écrase le juif et lui ferme aisément la bouche. Ceux qui savent comment la liberté de conscience est tolérée au Ghetto devinent que le pauvre marchand n’osa pas répondre grand’chose. Un apprenti de onze ans travaillait dans un coin. Petronio, vainqueur, après avoir mis son ennemi en fuite, se tourne vers l’enfant et lui dit :

« Savais-tu ces belles choses-là ? les avais-tu déjà entendu dire si élégamment au catéchisme ?

— Ah bah ! interrompt le cordonnier ; c’est un enfant de juif !

— Bon Dieu ! mais il n’a pas la physionomie d’un juif. Dis-moi, mon bon petit enfant, aurais-tu par hasard le désir de te faire chrétien ?

— Oui. »

Voilà ce que j’appelle une vocation miraculeuse. Là-dessus, Petronio embrasse le petit, lui fait faire le signe de la croix, et lui apprend l’Ave Maria en latin. C’était le 8 juillet. Le 25 du même mois, les cordonniers, en compagnie d’un autre prêtre sicilien qui passait là par hasard, conduisent le petit au catéchuménat. On l’expédie à Frascati, où un cardinal constate sa vocation, et enfin, le 29 sep-