Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/198

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c’est une autre histoire. L’Empereur seul est responsable : chaque bévue, chaque bourrade d’un employé public, ministre ou garde-champêtre, pousse un homme à l’opposition et donne un adversaire au pouvoir. Toutes ces unités réunies ne font pas une somme énorme, j’en conviens. Mais comparez les votes de 1852 aux votes de 1864 ; vous aurez le chiffre exact des impossibles créés par les abus du gouvernement personnel.

Pourquoi l’élection est-elle devenue stérile ? J’entends, pour le pouvoir, et non pour le public. Pourquoi, dis-je, en dix ans, le Corps législatif n’a-t-il pas fourni un ministre ? Parce que le pouvoir, dans l’intérêt mal entendu de sa stabilité, désigne ses candidats au choix des électeurs. J’emploie le verbe désigner, pour ne pas envenimer les choses. Le pouvoir donc a soin de désigner aux électeurs les députés qui lui seraient particulièrement agréables. Il choisit avant nous et pour nous l’homme qui viendra plaider notre cause devant lui. Mais pour quels mérites les choisit-il ? Pour la largeur des vues ? Pour l’abondance des idées ? Pour la fermeté du caractère ? Le grand souci du gouvernement n’est-il pas plutôt de se faire envoyer des députés fidèles, sûrs, dévoués, acquis d’avance à l’infaillibilité du pouvoir ? Je rends justice aux hommes de talent et de caractère qui siégent sur les bancs de la majorité. J’avoue qu’ils ont plus