Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/199

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d’une fois donné des preuves de leur indépendance. Mais il a dû leur en coûter un peu de repousser certaine loi, de refuser certaine dotation ; car enfin le pouvoir les avait adoptés comme agréables, et ils cessaient d’être agréables ce jour-là. Accepter une candidature officielle sous un gouvernement aussi personnel que le nôtre, ce n’est pas voter d’avance toutes les lois qui seront proposées, mais c’est dire qu’on tournera la langue sept fois dans sa bouche avant de dire non. Tout candidat officiel est un homme plus que possible ; j’en pourrais citer quelques-uns qui sont en même temps fort capables ; mais le pouvoir est tellement sûr de leur docilité, il a si bien bridé en eux l’audace et l’initiative, qu’il ne pense pas même à les employer.

Je crois, Dieu me pardonne ! qu’il chercherait plus volontiers ses ministres dans les rangs si clairsemés de l’opposition libérale. Le pouvoir ne saurait ignorer ce vieux proverbe qui dit : On ne s’appuie que sur ce qui résiste. Mais il n’est pas libre d’offrir, et les députés de l’opposition ne sont pas libres d’accepter. On a pris soin malheureusement de les rendre impossibles.

Par une contradiction qui paraîtra bizarre dans cent ans, lorsqu’un homme honorable et considére se présente comme candidat libre, on commence par lui faire prêter serment d’obéissance et de fidélité ; après quoi les préfets, les sous-préfets, et