Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/208

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tant. Quand vous vous êtes installé chez vous, vous n’avez pas repris avec le bail les serviteurs de l’ancien locataire. C’est un grand avantage que vous avez, monsieur : vous êtes plus heureux qu’un roi. Tous les princes se repassent un vieux fonds de maison qui perpétue chez celui-ci les traditions de celui-là. On a beau rajeunir le personnel de temps à autre : l’antiquité domine, et les idées nouvelles se heurtent inévitablement contre une montagne de préjugés. Il n’y a pas de voix assez fortes pour dominer le chœur nasillard des Gérontes qui disent : « Prenez garde ! nous ne le savons pas, donc cela n’est pas vrai ; nous ne l’avons jamais essayé, donc cela n’est pas possible ! Suivez, suivez la trace antique et vénérable de tous les gouvernements qui se sont perdus, grâce à nous ! »

Un beau poisson d’avril, c’est le couronnement de l’édifice. Je crois que nous l’aurons, quoi qu’on dise ; je suis même persuadé que nous l’aurions depuis quelques années sans les tiraillements que j’indiquais plus haut. La liberté des citoyens ne menace jamais les princes, mais elle ennuie tout le monde autour d’eux. Voilà la grande affaire et l’obstacle difficile à surmonter. Avez-vous lu l’adresse du Sénat ?

Voyez avec quel soin paternel (j’allais dire providentiel) les gardiens de la Constitution nous pro-