Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/209

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tégent contre les abus de notre libre arbitre. Ils ne demandent pas qu’on nous refuse absolument les libertés politiques, mais qu’on nous les conserve pour la joie et la consolation de nos vieux jours. Il nous sera permis de mordre ceux qui nous battent, lorsqu’on aura bien constaté la chute de notre dernière dent. Cette plaisanterie me rappelle le mot d’une petite fille à qui l’on avait donné une poupée de prix : « Tu es trop enfant, disait la mère, pour qu’on te laisse jouer avec cette poupée-là ; je vais la serrer dans un tiroir, et je te la rendrai quand tu seras grande.

— Mais, maman, répondit-elle, quand je serai grande, je ne jouerai plus. »

L’Italie délivrée jusqu’à l’Adriatique a été le poisson d’avril de 1859. La promesse fut accueillie avec le même enthousiasme que le rapport de M. Duruy. Il s’agissait, dans les deux cas, d’émanciper un peuple : affranchir les Italiens par la guerre, les Français par l’école. Le traité de Villafranca fut une déception navrante, comme le projet de loi sur l’instruction primaire. Déception, j’entends pour les hommes de progrès ; consolation pour le grand parti réactionnaire. Cependant la guerre d’Italie n’a pas été stérile ; Villafranca n’a marqué qu’un temps d’arrêt sur la grande route du mieux ; le mouvement s’est continué, pour ainsi dire, tout seul, malgré la résistance des uns