Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/256

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cette séance, qui aura lieu tous les jours à la même heure et dans les mêmes conditions.

Cette annonce est précieuse d’un bout à l’autre : il serait difficile de dire plus naïvement : Nous venons exploiter l’élite des naïfs. On se réserve le droit d’exclure non-seulement M. Robin, mais tout homme qui saura nouer solidement une corde, tout citoyen suspect de malice ou de curiosité, que dis-je ? toute figure un peu intelligente ! Je vois d’ici ces bons messieurs, ces jeunes gens qui ont « toujours autour d’eux des quarante à cinquante intelligences[1] ! »

Je les vois, ces Castor et Pollux de la plaisanterie, assis à leur comptoir dans le bureau de location, et dévisageant les Parisiens à 30 francs pièce ! La bonne comédie avant la comédie ! À soixante bonnes âmes par jour, et jamais les bonnes âmes n’ont manqué dans une ville comme Paris, on gagnera 1 800 francs tous les soirs, le salaire annuel d’un ouvrier qui sue, le traitement d’un employé de commerce, d’un caissier de magasin qui manie les billets de 1 000 francs par centaines, et qui dîne à vingt-deux sous !

Mais en vertu de quelle loi ce billet de théâtre peut-il être nominal ? Je comprends que le directeur de la Porte Saint-Martin, lorsqu’il donne un

  1. L’Avenir du 14 septembre 1865, page 4, col. 1, ligne 6.