Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Edmond About a publié, chez Hachette, un gros volume in-8o, intitulé le Progrès, d’où il s’est cru autorisé à se croire le seul et légitime représentant de ce progrès à la conquête duquel chacun de nous marche ici-bas avec ses armes et ses propres forces. Non certes, car M. About ne représente que l’intolérance et l’orgueil ; il est exclusif et ne veut la liberté que pour lui. Au surplus, il ressemble à ces méchants enfants qui mordent le sein nourricier : n’a-t-il pas déchiré à pleines dents le Figaro, où il a fait ses premières armes, et M. de Villemessant qui lui a ouvert la carrière littéraire ?

M. Edmond About est élève de l’école normale ; c’est un philosophe de l’école de MM. Vacherot, Comte et Littré ; il ne croit ni à Dieu ni aux esprits : c’est sa foi ! je la respecte, mais qu’il respecte la mienne également, moi qui crois à Dieu, aux bons et aux mauvais esprits. Si la liberté de conscience est proscrite en France, qu’on le dise ! car il n’est pas bon de se poser en apôtre d’une liberté apocryphe et menteuse et de désigner une classe paisible et nombreuse de citoyens à l’animadversion publique, comme l’a fait M. About. Quant à nous, nous voulons la liberté pour tous. Les spirites acclament toutes les religions parce que toutes les religions reconnaissent et affirment Dieu. Pour nous, tout est là ! La forme n’est rien, l’idée est tout. Toutes les autres questions sont secondaires.

M. Bonneau enseigne dans l’Opinion nationale du 28 septembre le magnifique principe de la réincarnation. Les spirites sont les plus sincères partisans de cette idée souverainement équitable, la seule qui puisse logiquement expliquer les inégalités humaines, et l’Opinion nationale, par la plume de M. Edmond About, nous a désignés à ses lecteurs comme des charlatans, des exploiteurs ou des dupes.

Eh quoi ! nous sommes, — dites vous, cinquante mille à Paris, un petit million en France, et il sera permis à quelques écrivains de nous vouer au mépris parce que nous