Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/286

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les habitudes meurtrières de Paris. Mais on se couche aussi tard à Trouville et à Bade qu’à Paris même. Le jeu, le spectacle, le bal durent jusqu’à minuit ; on soupe ensuite. On se couche trop tard pour se lever matin ; on se lève fort las, bon à rien, capable tout au plus de nager vingt minutes ou de flâner une heure à cheval. Je me suis amusé souvent à étudier les figures qui peuplent les casinos et les kursaals en France et à l’étranger ; j’ai vu partout des yeux battus, des figures tirées, les rides précoces de la fatigue et de la fièvre. Paris retrouvera ces pauvres gens en octobre tels qu’il les a vus partir en juillet.

Il y a donc autre chose à chercher, et si les moralistes se reconnaissent impuissants à modifier le train des villes, ils doivent se mettre en quête de certains lieux de repos où nos pauvres civilisés puissent se refaire entre leurs fatigues.

Nous avons les montagnes qui semblent inventées tout exprès. Je suis presque certain qu’elles prendront faveur à leur tour et qu’on verra bientôt les bains d’air à la mode.

On me dira que les Alpes et les Pyrénées ont devancé d’un siècle au moins ma petite prophétie. Je le sais. Mais la Suisse elle-même est assez loin de Paris ; les voyages y coûtent cher ; les auberges un peu propres y sont inabordables. D’ailleurs, les grandes ascensions sont un exercice de haute école