Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/287

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interdit à la plupart des jambes. Il faudrait, pour bien faire, offrir aux Parisiens une région moins lointaine et moins escarpée, où toute une famille, y compris les femmes et les enfants, pût s’ébattre en bon air et prendre un exercice modéré, tout en faisant des économies. Prenez mon ours, prenez les Vosges, et vous m’en direz des nouvelles.

Les Vosges sont à dix heures de Paris, et je sais de science certaine que la Compagnie de l’Est veut mettre le voyage à la portée de toutes les bourses. Avant trois ans d’ici, peut-être l’année prochaine, vous viendrez de Paris à nos montagnes pour le prix d’une stalle des Italiens. Mais encore, avant de se risquer dans un pays si neuf et si peu connu, faut-il savoir ce qu’on y verra. Je vais vous le dire. Nous n’avons ni glaciers, ni grands lacs alimentés par la fonte perpétuelle des neiges. Mais nous avons des forêts aussi belles, plus grandes et plus anciennes que la forêt de Fontainebleau. Quelques-unes sont encore aussi sauvages et (tranchons le mot) aussi vierges que celles de l’Amérique.

Nous avons des rochers énormes, d’une forme et d’une couleur admirables ; blocs de grès rouge, de granit et de porphyre ; nous avons des vallées riantes et fraîches où les ruisseaux débordent sur des prés plus verts que l’émeraude, après le formidable été qui a séché, roussi et crevassé le sol français, du nord au sud. Enfin, ce qu’on ignore