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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/316

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le privilége, le monopole, le brevet, pourrait nourrir cinquante mille ouvriers au lieu de cinq mille. Et la province ! Les brevets surabondent en province ; on en trouve au moins un dans la plus petite ville, et tout cela, neuf fois sur dix, est encore à l’état de non-valeur.

Donc, malgré le brevet, votre industrie est économiquement semblable à toutes les autres, soumise aux lois de la demande comme la métallurgie, la boulangerie et la couture, et il n’y a pas lieu de violer en votre faveur le droit naturel.

Vos patrons, comme le tailleur qui vous habille et le cordonnier qui vous chausse, ont le droit d’employer qui bon leur semble, homme ou femme, en payant le travail ce qu’il vaut.

Vos concurrentes ont le droit de gagner leur pain en assemblant des caractères au lieu de coudre ou de broder. Tout être intelligent choisit librement un travail, selon ses goûts et ses aptitudes. Vous trouveriez injuste et révoltant que l’on vous contraignît à casser des pierres sur les routes. Homme ou femme, chacun peut vivre comme il lui plaît, pourvu qu’il ne nuise à personne.

Direz-vous que les femmes vous nuisent en prenant le travail que vous pourriez obtenir ? À ce compte, vous leur nuiriez dix fois plus, puisque vous êtes dix fois plus nombreux qu’elles, et il n’y a aucune raison pour qu’on vous donne de préfé-