Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/319

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cherchent à l’acheter au rabais. Vous pensez qu’il suffit de vous mettre en travers pour arrêter un mouvement qui enveloppe l’humanité et qui est la vie industrielle dans son essence ! Mais tandis que vous refusez fièrement de travailler au rabais et que vous vous coalisez contre ceux qui travaillent et font travailler au rabais, vous profitez vous-mêmes avec empressement des rabais de toute sorte qui se font autour de vous. Exemple :

Vous prenez vos repas dans une pension où le le dîner coûte un franc. L’homme qui vous vend à manger s’arrange de manière à gagner quelque chose ; il se paye à lui-même des journées qu’en sa qualité d’homme il estime à six francs pour le moins. Il espère d’ailleurs que dans quinze ou vingt ans il aura épargné sur vous un capital suffisant pour se créer une petite rente. De l’autre côté de la rue, une femme, veuve ou fille, vient ouvrir une autre pension et se mettre en concurrence. Elle ne compte sa journée que trois francs, elle se résigne à travailler trente ou quarante ans s’il le faut pour conquérir l’aisance la plus modeste, et moyennant ces sacrifices elle vous offre à 75 centimes le dîner que son voisin vous faisait payer 1 franc. À qui donnerez-vous la préférence ? Vous avez trop de jugement, vous entendez trop bien vos intérêts pour hésiter une minute.

Entre deux biens égaux en qualité et en quan-