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produit de leurs journées. » C’est sans nul doute une combinaison du même genre qui permet aux ateliers Dubuisson d’établir la Bibliothèque utile à quarante centimes le volume et la Bibliothèque nationale à 20 centimes, prix net. Une association intelligente et pacifique, appliquée simultanément à la dépense et au travail, peut donc augmenter d’un grand tiers (35 pour 100) les salaires quotidiens sans coûter un centime aux patrons ni aux consommateurs. Connaissez-vous une grève assez puissante pour amener des résultats pareils ?

Et le mieux que j’indique ici n’est pas assurément le dernier mot du progrès. Pourquoi vingt travailleurs intelligents ne s’associeraient-ils pas pour acheter un brevet à cent lieues de Paris et l’exploiter en commun ? La première mise de fonds n’est pas exorbitante : il y a cent brevets qu’on aura, si l’on veut, pour un morceau de pain. Le matériel coûte plus cher, mais on n’est pas forcé de l’acquérir en un jour ni surtout de le payer comptant. Notre époque tend à supprimer les intermédiaires inutiles entre le producteur et le consommateur. L’industrie typographique n’est pas nécessairement parquée à Paris et dans les grandes villes : au contraire, nous voyons qu’elle se décentralise de plus en plus. Vingt typographes associés feraient aussi légitimement un patron que vingt pièces d’un franc font un louis. Ils pourraient s’établir