Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/333

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dans une petite ville à leur choix, sur un chemin de fer ; les nécessités de la vie leur coûteraient moitié moins qu’à Paris, et leurs produits ne seraient grevés que du transport, qui est peu de chose.

Supposez-les établis dans le voisinage d’une grande papeterie, à quelques lieues d’une mine de charbon ; le transport des livres fabriqués sera compensé largement. Une société organisée de la sorte ferait la concurrence la plus sérieuse aux grandes imprimeries de Paris, mais les patrons en souffriraient sans se plaindre, car ils connaissent les lois de l’industrie un peu mieux que leurs ouvriers ; ils savent que le marché appartient à tous les producteurs de travail utile sans exception ni distinction. Voilà ce que j’appelle une association irréprochable. Ce qui l’est beaucoup moins, et surtout moins sensé, c’est la prétention de quelques ouvriers qui m’écrivaient il y a trois mois « Nous en avons assez, de la servitude des salaires ; nous voulons être les associés de nos patrons, ni plus ni moins. » Les ambitieux qui parlent ainsi méconnaissent par ignorance la légitimité des droits acquis. Ils ne rêvent rien moins qu’une confiscation arbitraire ; ils immolent naïvement le capital à la main-d’œuvre, le passé au présent, le travail accumulé au travail à faire. Ce n’est pas mauvaise foi chez eux, car ils affichent leurs prétentions avec