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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/345

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ce que peux, bonhomme, mais pas moins. On te jetterait la pierre, et cette fois on aurait raison.

Au milieu de ces méditations, le courrier vient m’interrompre. C’est une pluie de journaux et de brochures, tout Paris qui m’arrive à huit heures du matin.

Pourquoi les neuf dixièmes des lecteurs commencent-ils leur journal par le cours de la Bourse ? Il y aurait deux pages de philosophie à écrire là-dessus. Nos mœurs changent insensiblement, et nous ne nous en apercevons qu’à la longue. La vie est toute pleine de nouveautés imperceptibles d’abord, qui deviennent peu à peu visibles à l’œil nu. Quand j’étais habitant de Paris, je faisais comme les autres, je vivais vite, vite, et je me donnais à peine le temps de réfléchir. Au fond des bois, on a plus de loisir pour philosopher sur les choses. Quand je lis qu’un maçon s’est fait voler 260 francs en or dans son porte-monnaie, je me réjouis d’apprendre que les maçons de 1865 sont plus à l’aise que leurs anciens. Il y a seulement trente années, un maçon qui aurait eu 260 francs en or dans sa poche aurait paru suspect à la police.

Le volé dont je vous parle a eu tort de se griser en mauvaise compagnie ; il a eu tort de garder un petit capital dans sa poche. Mais on ne l’y prendra plus, il apprendra la prévoyance comme tant d’autres. J’apprends que des ouvriers de M. Mazeline,